Julio González dans « The Point of Sculpture », Fundació Joan Miró, Barcelone, 15 oct. 2021-6 mars 2022

Deux oeuvres de Julio González, “Les Amoureux II” et “Masque Ombre et Lumière”, sont actuellement en vue à la nouvelle exposition à la Fundació Joan Miró de Barcelone, “The Point of Sculpture” (15 oct. 2021-6 mars 2022). 

Cette exposition, imaginée par le sculpteur barcelonais de renom David Bestué, propose une perspective nouvelle sur la sculpture moderne et contemporain, du 20e siècle jusqu’à nos jours, à l’époque où les créateurs cherchent à dépasser l’art de la simple représentation.

L’un des thèmes évoqués est l’expression du désir et du contact humain. Dans ce cadre, Les Amoureux II(1932-1933) est confrontée avec l’oeuvre Cheek to Cheek (2015) de l’artiste, installée à Bilbao, June Crespo, réalisé en béton et en textile.

Les deux œuvres explorent le thème classique du contact humain de manière innovante. Dans Les Amoureux II, les deux profils abstraits de deux amants qui s’embrassent, coupés dans la ferraille, se détachent contre l’ombre du vide à l’intérieur du cylindre en fer soutenu par une base conique et d’une tige de fer.  L’extrémité arrondie du cylindre évoque une seule tête, comme si les deux corps des amants s’étaient fondées en un seul. Par cette juxtaposition d’ombre et lumière, matière et espace, masculin et féminin, González réinvente le thème de la liaison amoureuse.

Cette représentation abstraite, atemporelle et contemplative contraste avec celle de June Crespo, qui est colorée, contemporaine et impertinente.

Le dialogue enrichissant qui émerge entre ces deux œuvres des artistes compatriotes, ayant pourtant vécu et travaillé dans des lieux et des époques différents, attestent une nouvelle fois de la pertinence continue de l’œuvre pionnière de Julio González.

Par ailleurs, son Masque Ombre et Lumière (1930) est exposée sous le signe des représentations diverses du corps humain.  González créé cette œuvre pendant la phase la plus abstraite de sa carrière.  Il s’insère dans toute une série de masques inspirés de l’art non-occidental et des mouvements avant-gardistes comme le cubisme qu’il avait rejeté jusqu’alors. Ici, la forme humaine se réduit à l’imbrication perpendiculaire de deux morceaux de ferraille, méticuleusement coupée par ses soins. Comme l’indique le titre, l’innovation se situe dans la capacité de ces formes simples et géométriques d’accrocher les effets de lumière et d’ombre sur leur surface rugueuse.

Masque Ombre et Lumière est exposé à côté d’une sculpture d’un ton, style et matériel bien différents, à savoir, le Portrait de Dora Maar modelé en plâtre par les compatriotes et amis de González, Pablo Picasso et Apel.les Fenosa vers 1939-1940.

La proximité de ces deux œuvres dans cette exposition accueillie par la fondation consacrée à leur amie et contemporain de Paris Joan Miró atteste de la contribution signifiante des artistes espagnols dans le développement de l’art moderne, et de la manière dont leurs œuvres pionnières ont servi de base pour l’innovation de la sculpture contemporaine.

« The Point of Sculpture » sera présentée à la Fundació Joan Miró à Barcelone jusqu’au 6 mars 2022.